The Witch : L’amour un Défi à la loi de Murphy
Défi à la loi de Murphy
Par le scénariste de Moving et Light Shop, The Witch est le dernier née sorti tout droit du cerveau créatif et poétique de Kang Full. Après avoir adoré Moving et détesté Light Shop, à quelle sauce vais-je être mangé par ce k-drama ?
Je ressors de cette série assez bouleversé, ayant ressenti une pléthore d’émotions assez diverses. The Witch est à la fois une fable, un conte et une parabole.
Contrairement à ce que le titre laisserait entendre, ce n’est pas une série fantastique, c’est avant tout une vision, une introspection et une analyse relationnelle de personnes qui vont s’articuler autour du thème de l’amour, et de la manière de l’approcher, de le dompter puis de l’apprivoiser.
Une étude de cas à la fois métaphysique et psychologique, mais qui se met à disposition de celui qui veut bien en recevoir le message.
Je vous rassure, çà pourrait être barbant, mais c’est limpide, plaisant à suivre, émouvant, à condition de bien suivre le déroulé et d’arriver au dernier épisode qui expliquera tout.

Les Personnages
Lee Dong-Jin (Jin Young) et Park Mi-Jung (Roh Jeong-Eui) ne se connaissent pas, ne se sont jamais parlés, fugacement ils ont croisé à intervalles réguliers quelques fois le regard de l’autre, au Lycée. Et pourtant ils viennent de la même petite ville, ont fréquenté les mêmes établissements scolaires, et ils connaissent leur nom respectif.
Mi-Jung semble être porteuse d’une horrible malédiction ; en effet, tous les garçons qui tombent amoureux d’elle (et ils sont nombreux) et qui lui déclarent leur flamme sont automatiquement frappés de malheur.

Au mieux ils en ressortent blessés, et au pire ils en meurent dans des circonstances accidentelles diverses. À la suite d’une rumeur, qui fait d’elle une sorcière, elle s’enfuit, ne supportant plus les ragots.
De l’autre côté du miroir

Dong-Jin qui a toujours été secrètement amoureux d’elle, va entreprendre des études supérieures dans le domaine des statistiques, et se spécialiser dans l’étude de données pour démontrer que tout cela est faux, car il est cartésien et ne croit pas en la superstition. Il espère aussi la retrouver un jour, pour non seulement étayer ses résultats, prouver ce qu’il avance, avant de lui avouer ses sentiments…ou pas.
10 ans plus tard, il la croise par hasard dans le métro de Seoul. L’enquête de Dong-Jin peut enfin commencer et l’histoire décollée.


L’histoire
L’originalité de The Witch, c’est que nos deux héros ne vont pas se rencontrer durant de nombreux épisodes, au mieux c’est. Dans un premier temps on se focalisera sur la vie de Dong-Jin et son enquête à propos de loi de Murphy qui semble poursuivre Mi-Jung , et bien plus tard on s’attardera à voir le quotidien bien triste et solitaire de celle-ci.
{Spoil : passer la souris pour lire 🙂 –> Elle vit recluse car elle s’est auto persuadée qu’elle causera la mort à tout homme qui succombera à son charme et qui lui déclarera son amour. Espérant que Mi-Jung sorte de sa coquille, Lee Dong-Jin veut prouver que tous ces incidents malheureux ne sont pas de sa faute mais le fait de simples coïncidences. /Spoil}
Rythme et Genre
The Witch est une série qui prend son temps, avec un rythme lent, et parfois trop lent il est vrai. Aux 4e et 5e épisodes, on est volontairement sorti de la trame principale, et je me suis demandé si on se foutait pas de nous en introduisant le personnage de Kim Joong-Hyuk (Lim Jae-Hyuk). Mais ce n’est que vers la fin que j’ai compris où on voulait m’amener d’une manière subtile mais aussi maladroite.

Il faut reconnaitre que dans la seconde moitié toute cette « enquête » menée de main de maitre par Dong-Jin, à la limite même de devenir un stalker, devient de plus en plus passionnante et intense, car c’est sa propre vie qu’il va mettre en jeu pour prouver, ou se prouver à lui même les hypothèses qu’il a émis durant toutes ces années.
Veut-il se mentir à lui même en refusant le fait que Mi-Jung est vraiment une sorcière, porteuse du fléau de l’amour fatal ?
Va-t-il affronter la mort pour justifier son comportement ?
Ce drama est une histoire d’amour qui nous est contée de manière très originale et souvent de manière contemplative, parce que lors de nombreux passages, vous aurez droit à de longues séquences sans dialogue, avec une chanson récurrente en toile de fonds.
D’ailleurs, la musique est omniprésente, c’est véritablement le plus ici. Il se dégage alors une teinte mélancolique ainsi qu’une forme de douceur. Pas besoin de faire des dialogues à rallonges pour nous faire ressentir tout un panel d’émotions aussi riche que varié. C’est l’observation plus que les mots qui interpelle souvent.
Honnêtement, je ne suis pas trop le client de ce genre de récit, mais la part de thriller omniprésente durant les 4 derniers épisodes m’a fait changé d’avis. On a envie de savoir comment cette histoire tragique et étrange à la fois va se terminer.
Petit bémol, parce que, par moment, on a trop tendance à faire du rembobinage de scènes pour insister sur certains passages. C’est un peu dommageable, même si, par moment, il est vrai que c’est utile au discours proposé.
Mais la réponse qu’on attendra jusqu’au dénouement, c’est de savoir si le postulat de départ, émis par Dong-Jin au départ, avait bien pris en compte tous les paramètres de cette insoluble équation, mais surtout les bons.
Zoom sur la Réalisation
Dans l’ensemble, la réalisation, la photo et la mise en scène sont de qualité, mais ce sont surtout les acteurs principaux qui sont vraiment au top, Roh Jeong-Eui apportant, toute en humilité, toute sa fragilité, à la fois physique et mentale. On a envie de la prendre dans ses bras pour la rassurer et la câliner. Jin Young (The Devil Judge) fait élégamment le job, la surprise venant pour moi de Lim Jae-Hyuk dans le rôle de Joong-Hyuk, qui en fait, joue excellemment son personnage apathique et froid.
On ne se rendra compte vraiment que durant le dernier épisode de son importance dans l’histoire, et, c’est assez inattendu il est vrai, mais aussi très touchant. On aura droit, aussi, à l’intervention de plusieurs « Guest Star« , bien connues des amateurs de K-drama, apportant leur touche personnelle.
{Spoil : passer la souris pour lire 🙂 –> Joong-Hyuk est celui par qui toutes les réponses vont être amenées, non seulement en tant que flic, mais surtout par le fait de son implication dans l’histoire. En effet, il semble être affecté du même phénomène qui touche Mi-Jung. D’où son comportement lunaire envers les autres. /Spoil}
Atypique, mais originale !
Pour conclure, on est ici en présence d’une série vraiment atypique et originale qui prend des risques, mais qui parvient à nous embarquer dans une forme de délire paranoïaque, pour nous délivrer un message diffèrent sur l’art d’apprivoiser l’amour dans toute sa complexité.
J’ai vraiment été séduit non seulement par la proposition scénaristique, mais aussi par ce couple qui va défier les lois de la nature pour accomplir sa destinée. Ici, on démarque le jeu, par un choix artistique qui peut paraître complexe, mais qui en fait qui ne l’est pas. Nous suivons un schéma de construction diffèrent de ce qu’on peut voir normalement, à la fois intriguant, captivant, mystérieux mais aussi poétique.
La question à se poser en sortant est la suivante : est-ce que l’amour peut être la résultante du fruit d’une suite mathématique régie par les lois l’univers, ou de la nature, pour certains couples ou individus ?
Et, dans quelle mesure sont-ils prêts à se mettre en danger pour l’atteindre ? Ou bien, au contraire, est-ce, bien plus simple et basique à définir qu’une étude statistique, ou de probabilités ?